Articles du mai, 2017

Sérotonine et dépression:
Le bonheur est dans la tête

samedi, 20. mai 2017 21:32

La dépression est généralement définie comme une réaction de notre corps et de notre esprit à des événements traumatisants et/ou à une exposition prolongée à un environnement hostile. Ses symptômes, tels que l’anxiété, les insomnies, la prise de poids ou encore une faible résistance au stress s’expliquent également chimiquement, par un déséquilibre dans notre cerveau.

En effet et bien que notre cerveau soit incroyablement complexe, les états dépressifs et la dépression vont souvent de pair avec une carence en sérotonine, surnommée « l’hormone du bonheur ». Si un supplément de sérotonine peut effectivement influer sur notre humeur et notre sentiment de bien-être, il convient de rester vigilant et d’éviter de créer d’autres déséquilibres.

Sérotonine: origine et apports

La sérotonine est une hormone et un neurotransmetteur produite a 95% dans l’intestin. Elle est fabriquée à partir du tryptophane, un acide aminé qui est acheminé au cerveau par le sang. Etant donne que la sérotonine joue un rôle important dans la modification de l’état émotionnel, certaines études ont démontré que d’autres molécules, analogues à la sérotonine, peuvent jouer le meme rôle : ce sont les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine. Ces substances inhibent la recapture de la sérotonine et sont prescrites en cas de symptômes liés à la dépression, aux troubles obsessionnels compulsifs ou encore pour traiter la boulimie.

Les apports peuvent également provenir de notre alimentation. Mais bien que des aliments comme la banane par exemple, contiennent de la sérotonine, ils n’affectent pas directement l’humeur. Cela s’explique par le fait que la sérotonine ne traverse pas la barrière hémato-encéphalique, comme certains acides aminés, notamment le tryptophane, peuvent le faire.

Or la production de sérotonine dans le cerveau varie directement en fonction du transport du tryptophane dans le cerveau (au travers de la barrière hémato-encéphalique). On observe par exemple que la consommation d’aliments sucrés augmentera indirectement et momentanément les concentrations de tryptophane dans le cerveau, tandis qu’un aliment très protéiné, les diminuera, et a fortiori, fera baisser le niveau de sérotonine.

Tryptophane et sérotonine

L’un des précurseurs directs de la sérotonine est un dérivé de l’acide aminé tryptophane appelé le 5-HTP (5-HydroxyTryptoPhane). De nombreuses études cliniques ont démontré que la prise de 5-HTP avait des effets équivalents voire meilleurs que certains anti-dépresseurs dans le cas du traitement de la dépression.

Une comparaison des résultats de 17 études portant sur près de 600 patients a ainsi montré que le 5-HTP améliore de manière significative ou très significative l’état dépressif de plus de 3 patients sur 5. On a pu également noter que les patients commençaient à ressentir très rapidement les effets (au bout de 3 à 5 jours).

Une étude menée par les Dr Byerley, Judd et Reimherr a aussi comparé l’effet du 5-HTP à celui d’une molécule de la famille du Prozac, la fluvoxamine, sur 63 patients. Les résultats  des deux traitements sont équivalents, avec toutefois moins d’effets secondaires pour le 5-HTP (quelques légers troubles digestifs).

Entrer dans un cercle vertueux

Outre l’alimentation et la supplémentation en 5-HTP, l’humeur agit également sur la sérotonine et réciproquement. En d’autres termes, la concentration de sérotonine influencerait l’humeur et en retour, les pensées, positives ou négatives agissent sur le taux de sérotonine.

C’est pourquoi il est important de briser la dynamique des pensées négatives afin de créer un cercle vertueux et rééquilibrer la chimie du bonheur, ou du moins du bien-être, dans notre cerveau.

L’autosuggestion, la pratique régulière d’une activité physique, l’exposition à la lumière du jour, le fait de rire,  entre autres influent positivement  sur l’humeur et donc… sur votre taux de sérotonine.

Catégorie: Dépression, Guérir, Stress, TCA | Commentaires (0) | Auteur:

L’effet Dunning-Kruger
ou le règne de la médiocrité arrogante

mardi, 9. mai 2017 18:50

Avez-vous parfois l’impression de voir des personnes évoquer des sujets avec une expertise feinte alors qu’elles ne les maîtrisent que de manière superficielle? Vous est-il arrivé de croiser le chemin de personnes notoirement incompétentes, mais tellement convaincues du contraire et extrêmement sûres d’elles?

 

Incompétent, moi? Jamais!

 

Sachez que ce phénomène porte un nom, l’effet Dunning-Kruger, celui des deux psychologues américains de l’université Cornell (David Dunning et Justin Kruger) qui l’ont mis en évidence et théorisé. S’inspirant d’études antérieures portant sur différents domaines artistiques, culturels, sportifs ou techniques, Dunning et Kruger ont pour ainsi dire vérifié l’expression de Darwin :  « L’ignorance engendre plus fréquemment la confiance en soi que ne le fait la connaissance ».

Les hypothèses

 

L’effet Dunning-Kruger se caractérise donc par un biais cognitif par lequel les personnes les moins compétentes dans un domaine donné vont avoir tendance à surestimer leurs compétences. Inversement, les personnes les plus compétentes tendront à sous-estimer leurs compétences. Ces incompétents vivent à leur insu l’illusion de leur supériorité dans un domaine, surévaluant constamment leur performances. De plus, les personnes incompétentes ne parviennent ni à mesurer leur propre degré d’incurie, ni à reconnaitre la compétence de ceux qui la possèdent vraiment. Le professeur Dunning l’explique ainsi : « Les connaissances et l’intelligence nécessaires pour accomplir une tâche sont souvent les mêmes que celles nécessaires pour reconnaître que l’on n’est pas bon à cette tâche. Et si l’on manque de ces connaissances et de cette intelligence, on reste ignorant que l’on n’est pas bon à cette tâche ».

De ce fait, si ces personnes suivent une formation qui leur permettent d’améliorer de manière significative leur niveau, elles pourront alors reconnaitre et accepter leurs lacunes antérieures.

L’étude illustrée

 

Dunning et Kruger ont cherché à vérifier leur postulat de départ à travers une expérimentation portant sur trois domaines distincts : la grammaire, la logique et l’humour.

Dans un premier temps, ils ont demandé à un groupe de personnes de s’auto évaluer dans ces trois domaines.

Ensuite, ces sujets ont été soumis à des tests afin d’évaluer leurs compétences réelles dans les 3 domaines choisis.

Enfin, lors de la confrontation des résultats de l’auto évaluation des volontaires et ceux de leurs tests génériques, Dunning et Kruger ont pu vérifier leur hypothèse de départ :

Les personnes qui s’étaient définies comme étant « très compétentes » dans chacun des domaines ont obtenu les moins bons résultats lors des tests.

Aussi, Dunning et Kruger ont observé plusieurs corollaires lors de cette étude :

  • le premier est que les personnes qui avaient sous-estimé leurs compétences lors de l’auto évaluation avaient au contraire eu les meilleurs résultats lors des tests ;
  • le deuxième est que les personnes les moins compétentes avaient davantage tendance à sous-estimer les personnes réellement compétentes ! Leur sentiment de supériorité ou illusion de compétence était proportionnel à leur ignorance et leur incurie.

Le graphique suivant illustre la dissonance cognitive entre la compétence réelle et la compétence perçue par les sujets.

La ligne claire représente le résultat du test. La ligne foncée, représente les résultats de l’auto évaluation. Dans le dernier quartile, celui qui apparaît en premier, l’écart entre la compétence réelle (ligne claire) et la compétence ressentie (ligne foncée) est très grand. On remarque que plus les personnes sont réellement compétentes (ligne claire), plus elles ont tendance à se sous estimer (ligne foncée), ce qui est visible avec le “top quartile”.

 

L’analyse de l’effet Dunning-Kruger

Dunning et Kruger ont abouti à quatre points qui constituent l’effet éponyme:

  1. les incompétents sont incapables de reconnaître leur incurie
  2. les incompétents ne sont pas capables de reconnaître les personnes compétentes
  3. les incompétents sont incapables de mesurer à quel moment leur performance/connaissance est insuffisante ou inadaptée
  4. les incompétents qui suivent une formation et améliorent leur connaissance dans un domaine donné, prennent conscience de leur incompétence passée, tendent à s’auto évaluer de manière plus lucide et à reconnaître les personnes réellement compétentes.

Cette dissonance cognitive se produit, selon Dunning et Kruger, car les compétences nécessaires pour accomplir une tâche donnée seraient identiques à celles mobilisées pour évaluer les résultats d’une performance. En effet, comment pourrait-on se rendre compte qu’une tâche est piètrement exécutée si nous n’avons pas les connaissances suffisantes pour bien l’exécuter?

Et ceux qui se sous-estiment?

 

L’un des corollaires de l’effet Dunning-Kruger nous fait nous interroger. Si les moins compétents sont assurés, de manière illusoire, de posséder les connaissances nécessaires et d’exceller dans des domaines données, les plus compétents, eux, présentent aussi un biais cognitif.  Ils se sous-estiment, et cette erreur de perception serait en fait un « faux consensus ».

 

Biais cognitif et estime soi

 

S’il est clair que surestimer ses compétences alors que nous n’en avons aucune ou très peu paraît complètement fou, il est tout aussi dangereux de sous-estimer ses compétences alors que nous en avons davantage. Pourquoi? Parce que notre responsabilité est doublement engagée face aux incompétents arrogants. Premièrement, car ils le sont à leur insu, et donc les (in)former pourrait corriger ce biais cognitif. Deuxièmement, car leur laisser les rênes alors qu’ils ne maîtrisent pas leur sujet viendrait à être complices de leurs actes et de leurs conséquences.
Dans les deux cas, compétents ou incompétents, chacun doit pouvoir s’apprécier à sa juste valeur, et corriger ses lacunes, qu’elles s’expriment en termes cognitifs ou de perception.

 

Catégorie: Perception et réalité | Commentaires (0) | Auteur:

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