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LA BOULIMIE : combler sa souffrance

jeudi, 28. juillet 2016 15:44

 

La boulimie, c’est quoi?

 

Autre principal TCA (Trouble du Comportement Alimentaire), la boulimie se définit par l’absorption anarchique de grandes quantités de nourriture, en très peu de temps, de manière incontrôlée et sans sensation de faim ou de plaisir. Ces crises compulsives répondent à des émotions négatives comme le stress, l’angoisse etc et peuvent survenir une à plusieurs fois par jour.

Comme les autres dépendants (toxicomanes, alcooliques etc.), l’individu souffrant de boulimie cherche, par le biais de la nourriture, à combler un vide. Puis, saisie de douleur émotionnelle (honte, culpabilité, peur de la prise de poids etc.) et physique (gorge et estomac sur-sollicités), la personne boulimique tend à se faire vomir pour se « libérer ».

La boulimie touche surtout les femmes et peut se traiter rapidement si la personne consulte avant que les crises s’installent. On considère qu’une personne est boulimique lorsqu’elle connaît un rythme de 2 crises par semaine pendant 3 mois minimum.

 

Les symptômes de la boulimie

 

La crise de boulimie n’est pas un repas, mais une perte de contrôle. Souvent, les personnes boulimiques arrivent à très bien dissimuler leur mal-être ainsi que leurs crises. La personne qui souffre de boulimie :

• croit être en surpoids et a peur de grossir alors qu’elle a un poids souvent normal, voire maigrit

• se restreint dans son alimentation (moins de sucres, plus de gras). Plus la restriction sera forte, plus les crises seront violentes

• se plaint de maux de gorge et de ventre (dus aux vomissements et à la prise de purgatifs)

• est irritable lorsque sont abordés les sujets liés à la nourriture ou au corps

• souffre de déshydratation (peau sèche, ongles et cheveux abimés)

• est souvent fatiguée, en proie à des vertiges

• a les dents abimées (jaunies, grises, cassantes à cause des acides gastriques)

• rompt quasiment toute relation sociale

• vide les placards plus vite que d’habitude, dissimule les emballages de nourriture dans sa chambre

• vole de l’argent pour préparer ses crises

 

Les causes de la boulimie

 

Comme pour la majorité des TCA, les symptômes de la boulimie peuvent passer inaperçus. Les facteurs qui favorisent la boulimie sont souvent :

• une faible estime de soi

• un manque de confiance en soi

• un rejet de l’image féminine

• une peur très forte du jugement d’autrui

• un sentiment d’impuissance générale (face à la vie, l’avenir etc.)

• la pression maternelle concernant l’alimentation

• des remarques sur la silhouette de la jeune femme provenant des figures masculines proches (père, frère, camarade etc.)

• un traumatisme sentimental ou sexuel

 

Comment sortir de la boulimie?

 

Parfois, les proches de la personne malade doivent la contraindre à consulter. Même si le danger semble moindre que pour les cas d’anorexie, la boulimie entraîne des carences et pathologies qui peuvent être fatales.

Le traitement pour sortir de la boulimie tourne autour de 3 axes :

  • la nutrition : retrouver la sensation de faim, réguler les apports vitaux, renouer avec aliments « tabous »
  • le comportement alimentaire : réapprendre à manger en paix, exprimer ses émotions par d’autres biais que la nourriture
  • la psychologie : identifier les causes profondes du trouble, travailler sur l’estime de soi, la culpabilité etc.

Cette thérapie peut s’envisager avec 2 praticiens (nutritionniste spécialisé dans les TCA et psychothérapeute) et être complétée par des sessions en groupes d’entraide et de parole (pour échanger sur son vécu et recueillir dans le témoignage des personnes qui s’en sont sorties une solution pour soi).

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Les distorsions cognitives

mardi, 19. juillet 2016 12:28

 

Reconnaître les distorsions cognitives

 

Nos pensées sont parfois loin de la réalité et constituent alors une source de certitude facile et rapide. Elles nous maintiennent dans l’illusion que nous maîtrisons notre environnement et que nous avons raison.

Lorsqu’on est en dépression, on broie du noir et notre vision du monde devient très sombre. Nos pensées sont dysfonctionnelles : ce sont des distorsions cognitives.
Ces pensées dysfonctionnelles sont souvent stériles, stéréotypées et automatiques.
Pour les reconnaître, voici la liste des pensées dysfonctionnelles les plus courantes d’après A. Beck & D. Burns :

La pensée dichotomique (principe du “tout ou rien”) 

Cette pensée nous amène à croire que si les choses ne sont pas exactement comme nous le voulons, il s’agit alors d’un échec. On perd totalement la notion de nuance, de relativité.
Exemple : “Si je n’ai pas 20 sur 20 à cet examen, c’est que je suis nul”
Dans ce cas, obtenir 18 sur 20 à cet examen est perçu comme un échec cuisant.

La surgénéralisation

Cette pensée nous amène à définir notre comportement futur sur la base d’un ou de quelques événements négatifs du passé. Nous croyons alors que nous sommes définitivement voué-e à l’échec.
Exemple : “Elle n’a pas voulu sortir avec moi, donc je n’arriverai jamais à sortir avec une fille”
Il existe 2 types de surgénéralisation :
La surgénéralisation verticale : subir un seul échec dans un domaine nous fait définitivement remettre tout le domaine en question.
Exemple : “Elle n’a pas voulu sortir avec moi. De toute façon, j’ai toujours tout raté en amour. Je vais finir seul et malheureux toute ma vie”.
La surgénéralisation horizontale : quand un échec survient dans un domaine, nous le relions avec des échecs dans d’autres domaines.
Exemple : “J’ai perdu mon emploi, c’est normal : je rate tout dans ma vie”.

L’abstraction sélective (filtre)

Ce type de pensée agit comme un filtre qui ne laisse passer que le côté négatif des choses. On se focalise sur alors sur les aspects déplaisants de notre vie, ce qui nous amène à percevoir l’ensemble en négatif.
Exemple : 12 personnes vous font des compliments sur le plat que vous avez cuisiné et une personne vous fait une critique. Vous ne portez attention qu’à la critique et passez des jours à la ressasser.

La disqualification du positif

On rejette les aspects positifs d’une expérience car on les perçoit comme sans importance, factices ou infondés. De ce fait, un moment positif se transforme en moment négatif.
Exemple : On me fait un compliment. J’en déduis que la personne ne le pense pas, qu’au contraire,  je lui fais pitié.
Autre exemple : Je reçois du soutien des gens qui m’aiment. Mais je me dis que ces marques de soutien ne comptent pas car ils ne connaissent pas ma vraie nature”.

L’inférence arbitraire (les conclusions hâtives)

On tire des conclusions hâtives et négatives sur une situation à partir de peu d’évidences. Cette pensée peut être de 2 sortes :
Lecture des pensées d’autrui : on croit connaître les pensées des autres en se fiant à de maigres indices.
Exemple: “Je lui ai laissé un message mais elle ne m’a pas rappelé. Elle n’est pas vraiment mon amie.”
“Mon chef ne m’a pas dit bonjour ce matin, je suis sûr qu’il va me licencier.”

Les erreurs de prévision : on fait des prédictions pessimistes et on y croit.
Exemple : “Je vais rater mon examen.”
“Cette thérapie ne marchera pas, je suis incurable.”

La lorgnette (amplification et minimalisation)

On tend à exagérer un échec ou une erreur, ou au contraire, à minimiser ses réussites. On s’attend au pire alors qu’il est peu ou pas probable. On dramatise une situation alors qu’elle est juste inconfortable.
Exemple d’amplification: “J’ai fait une erreur au travail, tout le monde va le savoir et je serai complètement ridicule aux yeux de tous.”
Exemple de minimalisation : “J’ai résolu une situation, mais c’est simplement un coup de chance”.

Le raisonnement émotionnel

Avec cette pensée, on justifie une situation par nos émotions et nos sentiments; comme s’ils étaient des preuves infaillibles.
Exemple : “Je me sens coupable, donc j’ai du faire quelque chose de mal”.
Autre exemple : “Je me sens désespérée, donc ma situation est sans issue”.

Les fausses obligations

Cette pensée nous amène à avoir envers nous-mêmes des exigences arbitraires et irréalistes (je dois, je devrais…) que l’on étend parfois aux autres. Quand les objectifs ne sont pas atteints, on est envahi de culpabilité.
Exemple : “Je dois absolument faire le ménage chez moi.” Même en cas d’emploi du temps chargé, d’imprévu, si le ménage n’est pas fait, on se sent coupable.
Autre exemple : “Après tout ce que j’ai fait pour lui, il pourrait au moins être reconnaissant.” On est amer,  plein de ressentiment, et on pense que l’on est le seul à se conduire convenablement dans cette relation.

L’étiquetage

La pensée est limitée par une étiquette. On émet un jugement définitif et chargé émotionnellement plutôt que de décrire un comportement spécifique.
Exemple : “Je suis un raté.”  au lieu de dire “J’ai fait une erreur”.

La personnalisation (blâme)

Cette pensée nous pousse à endosser la responsabilité d’une situation qui nous échappe ou croire à tort que le comportement des autres est lié à soi. Ce type de pensée entraîne un sentiment de culpabilité.
Exemple : “Si mon fils ne travaille pas bien à l’école, c’est parce que je suis une mauvaise mère.”
Autre exemple : “Si papa est décédé, c’est ma faute.”

 

Je suis ce que je pense

 

Entamer une thérapie cognitive, c’est aller vers la restructuration de son mode de pensée et s’attaquer à des schémas cognitifs avec votre thérapeute.

Au début de votre thérapie, vous allez commencer par étudier et comprendre vos pensées dysfonctionnelles. Vous serez amené-e à les repérer et à les confronter à la réalité par le biais d’exercices.

Cette étape constitue un pas important. Pour vous aider à le franchir, vous pouvez vous autoévaluer avec les fiches d’autoévaluation de Beck que vous trouverez ici.

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L’ANOREXIE MENTALE : le contrôle insatiable

jeudi, 30. juin 2016 14:31

 

(Re)Définir l’anorexie

 

L’anorexie mentale se caractérise par la perturbation de la relation à son corps et à l’alimentation. Elle se traduit par un refus de s’alimenter, essentiellement par peur de grossir. Sous cette obsession du poids et ce contrôle hors norme, se cache en réalité une très grande souffrance psychique.

L’anorexie mentale touche généralement les adolescentes et les jeunes femmes, et à proportion moindre les jeunes hommes (environ 1 garçon pour 10 filles). Le comportement anorexique persiste malgré une sensation de faim intense. Le refus de prendre du poids (alors que le corps est déjà très amaigri et affaibli) est supérieur à la nécessité de rester en bonne santé. La différence avec le régime c’est que cette amaigrissement, ironiquement, est en fait inconscient… La dénutrition infligée met en danger de mort les anorexiques. A tel point que l’hospitalisation est nécessaire.

 

Reconnaître les symptômes de l’anorexie

 

La personne qui souffre d’anorexie mentale :

  • croit être en surpoids et cherche absolument maigrir bien que déjà très maigre
  • compte les calories de tous les aliments consommés
  • est indifférente à la tentation
  • boit énormément d’eau (jusqu’à 3 litres par jour)
  • est hyperactive
  • se sur-investit intellectuellement
  • chez les femmes, n’a plus ses règles (aménorrhée)
  • rompt quasiment toute relation sociale
  • entre en conflit familial
  • peut tenter de se suicider

L’anorexie peut également s’accompagner d’épisodes de boulimie. Dans ces cas, la personne a la terrible impression d’avoir perdu le contrôle. Elle est donc en proie à une profonde culpabilité, une dépression, des angoisses. Puis elle cherche à se purger de ces calories en se faisant vomir ou en abusant de laxatifs et de diurétiques.

 

Les causes de l’anorexie

 

L’anorexie est souvent liée à un mal-être psychologique dont les déclencheurs sont difficilement identifiables. Les malades évoquent souvent un événement particulier dans la famille (deuil, divorce), dans le cercle social (rupture, remarque blessante) ou sur la personne (régime trop strict, traumatisme). Pendant un temps, les symptômes peuvent passer inaperçus. Le terreau propice à l’anorexie se définit par:

  • une faible d’estime de soi
  • un manque de confiance en soi et/ou en l’autre
  • un rejet de l’image féminine (séduction, sexualité) et du désir
  • un besoin de contrôle, excès de perfectionnisme
  • une peur permanente du jugement d’autrui
  • un sentiment d’impuissance générale (face à la vie, l’avenir etc.)

 

Guérir de l’anorexie, c’est possible !

 

L’étape prioritaire vers la guérison est un retour à un poids normal afin de préserver les fonctions vitales. Avec l’aide du médecin traitant, d’un nutritionniste spécialisé dans les TCA et d’un psychothérapeute, il est possible de guérir de l’anorexie mentale. À côté de l’aide des professionnels, le soutien, l’affection, les encouragements prodigués à bonne distance par les proches, sont déterminants. Les groupes de parole sont également un lieu privilégié d’entraide pour les malades. Ils peuvent ainsi échanger sur les sujets qui les préoccupent et avec des personnes qui comprennent « davantage » que le personnel soignant ou l’entourage. Les malades peuvent alors transmettre leur vécu, leur expérience et leur espoir de guérison.

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Les Troubles du Comportement Alimentaire (TCA)

mardi, 21. juin 2016 15:09

 

Identifier les TCA
(Troubles du Comportement Alimentaire)

 

Les troubles du comportement alimentaire (TCA) désignent les conduites alimentaires qui diffèrent de celles habituellement adoptées par les individus vivant dans le même groupe. Ces perturbations alimentaires génèrent des troubles somatiques et psychologiques importants, voire mortels.

Parmi les TCA, certains sont très fréquents et plus connus, et d’autres plus rares ou encore mal identifiés.

Définissons les TCA les plus fréquemment observés :

  • l’anorexie mentale : elle désigne le refus de s’alimenter, et ce, malgré une sensation de faim intense, et le refus de prendre du poids alors que le corps est déjà très amaigri, décharné et affaibli. La personne qui souffre d’anorexie mentale croit être en surpoids et cherche à maigrir à tout prix. L’anorexique mentale contrôle les calories de tous les aliments consommés. Parfois, l’anorexie mentale est accompagnée des conduites boulimiques.
    États associés : anxiété, dépression
  • la boulimie : elle caractérise l’absorption compulsive, par crises, de grandes quantités de nourriture, à n’importe quel moment du jour ou de la nuit. La personne qui souffre de boulimie peut être amenée à compenser ses crises de manière inappropriée en se faisant vomir, en absorbant des purgatifs (laxatifs, émétiques, diurétiques etc.), ou au contraire en passant à des période de jeûne drastique ou encore en pratiquant des exercices physiques de manière intensive.
    États associés : anxiété, dépression
  • l’hyperphagie boulimique : elle définit des crises de boulimie récurrentes sans comportement compensatoires associés (vomissements, exercice intense, prise de purgatifs etc.) entrainant ainsi un surpoids et une obésité.

L’anorexie et la boulimie sont des pathologies qui touchent principalement des femmes, surtout à l’adolescence et se poursuivent à l’âge adulte.

Environ 20 % des anorexiques basculeraient vers la boulimie avec comportements compensatoires.

L’hyperphagie boulimique touche plutôt les adultes, femmes et hommes en proportions équivalentes.

 

Les autres TCA identifiés

 

  • Le grignotage pathologique désigne le fait de manger des petites quantités de nourriture de façon récurrente et en dehors des repas. Cette absorption devient pathologique lorsque ces grignotages représentent un gros volume d’aliments, sont associés à un  réel mal-être et occasionnent un surpoids avéré. Par exemple, manger des aliments qu’on aime en grandes quantités devant la télévision constitue un grignotage pathologique. États associés : dépression, angoisse
  • L’orthorexie, caractérise l’obsession de vouloir manger de façon diététiquement correcte, sans vouloir forcément mincir. L’orthorexique ne connaît pas la notion de plaisir en mangeant car il/elle choisit les aliments pour leurs vertus et non pour leur goût. Les aliments identifiés comme étant mauvais pour la santé sont bannis (graisses, viande, laitages etc.) occasionnant ainsi des carences dangereuses pour la santé. États associés : dépression, angoisse, volonté excessive de contrôle
  • Les conduites restrictives obsessionnelles sont adoptées par les personnes qui évitent les calories. Elles sont toujours au régime, mangent seules, en petite quantité et refusent de manger ailleurs que chez elles (adieu repas au restaurant, chez des amis…). Ce TCA est proche de celui des anorexiques, et bien que les incidences sur le poids et la santé sont moindres, puisque les personnes continuent de s’alimenter, elles restent dangereuses.
    États associés : dépression, angoisse
  • La rumination, consiste, comme chez certains animaux, à faire remonter dans la bouche les aliments qui viennent d’être absorbés pour de nouveau les avaler. Les personnes qui ruminent veulent « profiter » encore une fois de la sensation procurée par le fait d’avaler, sans manger de nouveau, sans incidence sur leur poids. Si la rumination n’est pas volontaire, le malade en est néanmoins conscient. Ce comportement entraîne souvent des lésions de l’œsophage, de la bouche et influe sur les relations sociales (honte de manger devant autrui).
  • La néophobie alimentaire (« peur de la nouveauté ») est un comportement observé surtout chez les jeunes enfants. Elle caractérise le refus de manger des aliments inconnus. Ce comportement est normal dans la mesure où il a été observé qu’il faut présenter environ 11 fois en moyenne un aliment nouveau à un enfant pour que celui-ci l’accepte. Si ce comportement persiste et s’accompagne de signes d’anxiété, il faut s’en inquiéter.
  • Les autres phobies alimentaires :  la peur d’avaler, par exemple, fait souvent suite à un traumatisme (étouffement avec un aliment, soins médicaux douloureux au niveau de la gorge etc.). La personne a peur de revivre ce moment et refuse d’ingérer des aliments sous forme solide.
    D’autres personnes refusent de consommer des aliments d’une certaine couleur ou d’une certaine consistance ou qui ont été traités d’une certaines manière (crudité, cuisson, exposition à l’air libre etc.) Ces troubles témoignent d’une grave atteinte de la personnalité.

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Témoignages zébrés

mercredi, 19. février 2014 21:24

Moi, J. 1 an, la solitude est un ami. Pendant des heures, je joue, je me raconte des histoires à n’en plus finir. Oui mais je ne suis pas “comme les autres”. Je dois être comme eux, c’est comme ça.

Moi, J. 6 ans, je pose question sur question, le pourquoi amène le comment qui lui amène encore plus de questions. Oui mais “arrête de poser des questions, trouve toute seule ! “, c’est comme ça.

Moi, J. 8 ans, je ne suis pas la meilleure en classe pour mes parents, mais “il faut être la meilleure”, c’est comme ça.

Moi, J. 10 ans, je déteste l’injustice oui mais “on n’y peut rien ma chérie”, c’est comme ça.

Moi, J. 12 ans, j’ai toujours ‘peur du loup’ oui mais “à mon âge, je suis grande !”, c’est comme ça.

Moi, J. 14ans, je préfère faire des puzzles que de me faire des amis. Oui mais “je dois en avoir” , c’est comme ça.

Moi, J. 16 ans, je m’ennuie en cours, je m’ennuie au sport, je m’ennuie lorsque je ne suis pas seule, oui mais “si tu n’y met pas du tien”, c’est comme ça.

Moi, J. 20 ans, je souffre pour les autres oui mais “les problèmes des autres, ce sont leurs problèmes” c’est comme ça.

Moi, J. 23 ans, je suis perfectionniste dans tout ce que je fais oui mais “ce n’est pas grave si ce n’est pas parfait”, c’est comme ça.

Moi, J. 27 ans, je suis toujours maladroite, “oui mais si tu faisais attention ! ” , c’est comme ça.

Moi, maintenant, … c’est pour les ‘c’est comme ça’ que j’ai du mal à me trouver, à trouver qui je suis vraiment.

Les ‘c’est comme ça’ peuvent faire mal et ne pas être compris dans le bon sens, ils peuvent contrarier et enfoncer une personnalité.

C’est pour tous les ‘c’est comme ça’ prononcés par mes parents, mes proches, mes profs,…, que j’écris maintenant. Pour dire que non ce n’est pas comme ça, que je ne suis pas comme ça. Pour dire que si avant vous ne saviez pas, c’est comme ça, mais maintenant que moi je le sais que je le suis, alors ça ne sera plus comme ça mais comme moi.

 

JV, jeune femme zébrée

 

Un soir sur la planète.

Un chat qui dort recroquevillé sur lui même.

Moi ici… seule

Et les autres, ils font quoi ? ils sont où ? est-ce qu’ils souffrent ?

Moi dans une bulle en pensant à ce qui se passe en dehors de la bulle.

Un soir sur ma planète.

Moi ici.. mais avec un millier de personnes dans mes pensées. Mais que faites-vous ? Où êtes-vous ?

La chair à vif, les pensées dans le flou, je suis parfois obligée de m’abrutir pour ne pas souffrir, pour ne pas penser.

 

J’ai du mal à expliquer que je souffre pour vous parce que je pense que c’est difficile à entendre avant d’être difficile à expliquer.

Ca ne m’est pas arrivé, je ne l’ai pas ‘vécu’ mais comment expliquer que je comprend au sens propre, sans erreur de langage.

J’ai honte de ne pas avoir vécu ses choses et de les ressentir parce que je ne devrais pas. Je devrais aller m’éclater en toute insouciance, sans penser aux autres. Mais plus j’avance dans la vie, plus je traine des boulets, les miens, assez petits, et ceux des autres pas aussi lourds que pour les personnes ‘concernées’ mais cumulés représentent trop de poids.

Ces chaines fictives me freinent et peuvent ne pas être comprises. Presque souvent je ‘voudrais’ être à leur place pour éviter qu’eux ne souffrent, pour que je souffre pour quelquechose et non pour des pensées.

J’aimerai me détacher de ça mais j’ai l’impression que si ça arrive, ça ne serait plus moi.

 

JV, jeune femme zébrée

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